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montre qu’il se compose de deux éléments : du profit des capitaux artificiels engagés dans l’exploitation agricole, et de la rente foncière du sol exploité.

En économie, d’ailleurs, il n’y a pas de rentier présumé. Partout il n’y a que des rentiers effectifs : ce sont le capitaliste et le propriétaire foncier. Le propriétaire foncier a son revenu spécial, le capitaliste a le sien ; si ces revenus sont assez élevés, le capitaliste et le propriétaire foncier peuvent vivre sans travailler : c’est en ce sens qu’on les appelle habituellement, parmi le vulgaire, des rentiers. Le travailleur n’est pas rentier ; il a son revenu propre, c’est son travail dont le salaire est le prix. Et il faut que chacun, travailleur ou rentier, s’arrange pour vivre de son revenu, sans toucher au revenu des autres, en créant un excédant de ce revenu sur sa dépense, si bon lui semble, en faisant des économies, s’il y a moyen. Le travailleur, en tant que travailleur, lie peut avoir aucun droit sur la rente foncière.

Cependant la pratique sociale n’a pas voulu qu’il en fût ainsi ; et, quelque lésée que la classe travailleuse puisse se dire aujourd’hui, quelque revendication qu’elle ait droit d’élever, ce n’est pas sans une raison sérieuse que s’est faite cette distinction fondamentale de la rente et du salaire. C’est ce que je ferai toucher du doigt.

Ce n’est pas sans une raison sérieuse que s’est faite cette distinction fondamentale de la rente et du salaire. Parbleu ! je le crois bien ! Cette raison sérieuse et très-sérieuse, c’est que la distinction est naturelle, c’est que la rente est une chose et que le salaire en est une tout autre, c’est que la rente foncière repré-