être l’objet de la propriété. La terre, qui leur ressemble à tous égards sous le rapport de l’utilité, s’en distingue profondément au point de vue de la rareté, par la limitation dont elle est frappée. Il n’y en a pas pour tout le monde à discrétion ; dès lors, elle est appropriable, elle est valable et échangeable. Elle constitue d’ailleurs un capital qui donne lieu à un revenu ; et le revenu de la terre, autrement dit l’énergie productive de sa fécondité naturelle, s’achète par la rente foncière dont le fermage est le prix débattu, le prix à forfait pour un certain temps.
Les facultés personnelles aussi sont analogues à toutes les forces naturelles de production sous le rapport de l’utilité, et analogues à la terre sous le rapport de la rareté. Les facultés personnelles nous sont distribuées gratuitement, et elles sont limitées par le nombre des hommes et par la mort pour chacun d’eux. C’est pourquoi personne de nous n’est disposé à mettre gratuitement ses facultés personnelles à la disposition de ses semblables ; et pourquoi nous nous en faisons payer les uns aux autres la jouissance, le service, le travail, le revenu, sous le nom de salaire.
Et si, en raison du conflit économique et de l’exercice de la propriété, la coutume s’est établie parmi les propriétaires et entrepreneurs de réduire à la plus mince expression le salaire de l’ouvrier, afin de grossir d’autant leur rente, il ne faut pas s’imaginer pour cela que la rente soit donnée dans la nature des choses, au point que l’on puisse sans difficulté la reconnaître, comme on reconnaît un noyer au milieu d’une vigne.
Ne tournons point indéfiniment dans le même cercle. D’après les faits que j’ai opposés à mon adver -