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conque ; puis il veut ensuite que le coût de ce travail soit égal à la moyenne de ce que dépense un travailleur moyen ! Mais cette assertion est une monstrueuse énormité ! Prenant un travail quelconque, le coût de ce travail sera égal au coût de ce travail. Et voilà !

Je suppose, par exemple, que mon père ait dépensé pour m’élever, pour m’instruire jusqu’à l’âge de vingt-quatre ans, pour me racheter de la conscription, etc., etc., une trentaine de mille francs : c’est une chose qu’il doit savoir fort exactement. Mon travail coûte déjà 4 francs par jour, clair et net. Je suppose qu’avec cela, pour me nourrir, me vêtir, me loger, etc., etc., je dépense encore 6 francs, chiffre qu’il ne tient qu’à moi de vérifier. Le coût total de mon travail par jour est de 10 francs sans un centime de plus ni de moins. Et si le même calcul, établi scrupuleusement au sujet du fils de mon voisin, prouve que le coût de son travail, à lui, n’est que de 5 francs par jour, pourquoi vouloir que mon travail et le sien coûtent chacun 7 fr. 50 et non pas l’un 10 francs et l’autre 5 francs ? Pourquoi vouloir que mon travail, à moi, que son travail, à lui, qu’un travail quelconque, ne coûte pas ce qu’il coûte en réalité, mais la moyenne de ce que dépense un travailleur moyen ? Je n’ai plus alors une taille de lm60, ni mon voisin une taille de 1m65 : nous avons tous les deux la même taille égale à la moyenne de la taille de tous les hommes. Il ne faisait pas, il y a huit jours, 26° de chaleur et aujourd’hui 32° : la température, à chaque jour de l’année, est égale à la moyenne des tempéra-