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C’est bien le cas de s’écrier :

Il dit fort posément ce dont on n’a que faire,
Et court le grand galop quand il est à son fait.

Il ne s’étendra pas sur l’exécution ! La détermination de l’origine et du fondement de la propriété n’est plus un problème de droit naturel : c’est un problème de comptabilité, et le dernier des commis l’entend à merveille. La balance de l’égalité et de l’inégalité, de la propriété commune et de la propriété individuelle, n’est plus une question de droit économique et social, c’est une question de police, et le premier sergent de ville venu la réglera. La réalisation pratique des théories scientifiques n’est plus une œuvre de législation, c’est une affaire de police et de comptabilité ; quatre hommes, et M. Proudhon pour caporal, effectueront cette opération dont le mode, remarquez-le bien, peut varier à l’infini. L’arbitraire, en effet, n’a pas de limites.

Mais c’en est assez  ; — c’en est même déjà beaucoup trop.

L’application de la Justice à la propriété n’a jamais été faite, si ce n’est par cas fortuit et d’une manière irrégulière. Ni le droit romain, ni le droit canon, ni aucun droit ancien ou moderne, n’en ont reconnu la théorie exacte. De là ces innombrables antinomies, que la jurisprudence est demeurée jusqu’ici impuissante à résoudre, et qui sont la honte de l’école. La Révolution appelait une réforme radicale ; ses légistes, étrangers à la science économique, et qui définissaient la Justice comme le préteur, nous ont donné le Code Napoléon.

Tout cela est fort bien dit, mais ne nous avance guère. Vous invectivez bien, mais vous réformez mal. Les légistes de la Révolution étaient étrangers à l’éco-