…Chose qu’entend à merveille le dernier des commis, mais qui dépasse la portée d’une religion.
Qu’est-ce à dire ? Il pourrait bien se faire, me vous en déplaise, que la chose dépassât également le génie d’un pamphlétaire.
La question d’appropriation naturelle et de possession légitime est une question si simple que le dernier des commis l’entend à merveille ! Cette assertion inattendue me paraît tellement étrange que je ne saurais me dispenser de poser moi-même le problème. Sa gravité qui est sérieuse apparaîtra dans tout son jour ; et peut-être la question fera-t-elle un pas.
De l’origine et du fondement de la propriété.
I. Rappelons d’abord que le fait de l’appropriation pure et simple a son origine et sa cause dans le fait de la limitation en quantité des utilités. On ne s’approprie pas les choses utiles qui sont en quantité illimitée et qui n’ont point de valeur :. on ne s’approprie pas l’air respirable ni la chaleur solaire. La possession légitime, la possession fondée sur une appropriation naturelle, la propriété, ne saurait donc s’exercer que sur les utilités limitées en quantité, sur les valeurs ; elle ne saurait avoir pour objet que la richesse sociale.
II. Du fait de la liberté résulte comme une conséquence capitale la distinction entre les personnes et les choses. Les personnes sont les êtres doués d’une volonté libre ; les choses sont les êtres qui ne vivent qu’instinctivement ou même n’existent qu’inconsciemment. L’homme est libre : il est une personne. L’homme seul est libre : seul il est une personne.