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Vous y revenez. Apparemment vous tenez à nous faire savoir que vous êtes aussi bon chimiste que mathématicien distingué. Cela se voit ; mais malgré tout je vous jure n’avoir jamais rencontré d’idée qui fût une plus grande fadaise que celle-là. Dites-moi : je suppose que vous eussiez à faire un traité de chirurgie, vous commenceriez par établir longuement qu’un chirurgien qui m’opère et un assassin qui me perce la poitrine me tirant du sang l’un et l’autre, la chirurgie réduite à la pureté de sa notion est la même chose que l’assassinat. Quand vous auriez tourné et retourné jusqu’à satiété cette belle assertion dans tous les sens, pensez-vous réellement que vous auriez appris quelque chose à des gens sérieux ?

La propriété ; réduite à la pureté de sa notion, c’est la possession légitime. Vous ne sauriez réduire là propriété à une plus grande pureté de notion : en enlevant encore à la propriété l’idée de légitimité, vous n’auriez plus que la possession qui n’est pas la propriété. Donc la propriété, même réduite à la pureté de sa notion, est tout le contraire du vol qui est l’appropriation illégitime.

Toute la question, pour l’emploi de cet élément redoutable est, je le répète, d’en trouver la formule, en style d’économiste la balance :…

Permettez : je maintiens ma distinction. La question, la question qui nous occupe, c’est de rechercher les conditions naturelles de justice ou d’injustice sur lesquelles peuvent se fonder la légitimité ou l’illégitimité de l’appropriation et de la possession. Pour Dieu ! nous n’avançons guère.