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qui s’éleva en 1849 entre lui et Frédéric Bastiat au sujet du prêt à intérêt. Cette polémique ne jeta pas le moindre jour sur la question ; elle n’amena aucune inclusion. Elle fut stérile par la raison bien simple que les deux contendants étaient plongés l’un et l’autre dans la même ignorance sur la nature du capital et la nature du revenu. Bastiat n’avait qu’un mot à dire pour triompher de M. Proudhon : il devait lui représenter que le prêt à intérêt du capital est la vente du revenu de ce capital. Ce mot, Bastiat ne sut jamais le prononcer ; et voilà pourquoi il ne put jamais venir à bout de son adversaire. Ce n’est donc pas en première instance que M. Proudhon perdit sa cause ; seulement il ne la gagna point. Aujourd’hui, avec de meilleurs éléments de discussion, avec les ressources d’une plus satisfaisante philosophie de l’économie politique, grâce à des théories plus complètes de la valeur d’échange, du capital et du revenu, je pense avoir fait justice du service réciproque, de l’escompte à 1/8 p. 0/0, et de la prétendue commandite gratuite, agricole et industrielle.

En terminant, M. Proudhon reproche encore une fois à l’Église ses variations et ses apostasies. Il la somme de s’expliquer une fois pour toutes, de se prononcer ou pour le prêt gratuit ou pour le prêt à intérêt. Il lui demande :

…Où va le progrès ? Est-ce à l’égalité, ou à l’inégalité ? à l’égalité par le crédit mutuel, ou à l’inégalité par la prélibation de l’intérêt ?

L’Église ne répondra point à de pareilles questions :