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fait les yeux ronds, appelle Croquemitaine le communisme et Croquemitaine le socialisme. Après quoi vient une soi-disant théorie de l’impôt d’un ridicule impayable. Que signifient ces malices de sophiste ? Et qui trompe-t-on ici ? Quelque niais !

Hâtons-nous d’en finir.

Le travail est le vrai fondement du droit de propriété individuelle, dirons-nous. Très-bien ; maintenant je dirai tout de suite à M. Thiers que la propriété ne porte que sur la richesse sociale, et qu’elle porte sur toute la richesse sociale. Or la richesse sociale, objet du droit de propriété, se partage en trois espèces : les facultés personnelles, le capital artificiel, la terre.

Le principe de l’auteur contient évidemment renonciation du droit de propriété des facultés personnelles.

Il contient également renonciation du droit de propriété du capital artificiel, fruit du travail et de l’épargne.

Reste la terre. Si la valeur de la terre a son origine et sa mesure dans la valeur du travail accumulé sur elle et du capital enfoui dans son sein ou réuni sur sa surface, la terre, économiquement parlant, est fille des facultés personnelles de l’homme ; et le principe de M. Thiers consacre la propriété foncière individuelle. Mais si la terre a. par elle-même, une valeur intrinsèque de capital, elle reste en dehors du principe de propriété tel que M. Thiers l’établit.

M. Thiers et M. Proudhon, toujours inséparables, se donnant la main sur le terrain de l’économie politique comme sur celui de la morale, disent : — « La terre ne vaut que par le travail et le capital artificiel. » Mais tous les économistes, Bastiat et ses disciples exceptés, répondent avec unanimité : — « Erreur ; la terre a, par elle-même, une valeur intrinsèque de capital. »

Donc : l° le principe du droit de propriété, tel que M. Thiers Ta donné, basé sur l’instinct, est empirique ; 2° Il est incomplet, néglige la communauté, détruit l’État ; 3° Fût-il exact en partie, en tant que principe de la propriété individuelle, il n’expliquerait et ne justifierait point la propriété foncière.

N’en parlons plus.

M. Thiers n’est pas un économiste ; et ce n’est point avec lui qu’il convient de discuter la doctrine économique sur laquelle repose sa théorie de la propriété. Toute cette doctrine est contenue dans ce principe énoncé par Frédéric Bastiat : —