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Voilà bien des affirmations très-hardies, mais très-gratuites. Que veut dire ceci : — La rente est relative, le capital est absolu ? — S’il s’agit de variations, le capital en subit autant que le revenu, et selon le pays, et selon le temps. Partout et toujours 1,000 francs ne produisent pas la même rente, cela est vrai. Mais partout et toujours 1,000 francs ne sont pas 1,000 francs. À qui donc serait-il besoin d’enseigner cela ?

« Dès que l’impôt se transforme en assurance, il en doit accepter la base ; or, la base de l’assurance, c’est le capital[1]. »

Cette raison vaut mieux que la précédente. Elle est même sans réplique. Toutefois, j’en reviens à ma première interrogation : — Pourquoi l’impôt doit-il se transformer en assurance ?

Seconde conclusion. Non-seulement, suivant M. de Girardin, l’impôt doit être proportionnel au capital, mais encore, — point essentiel ! — il doit être volontaire. En effet, :

« Tout impôt doit être aboli[2] »

Tout impôt doit être transformé en assurance.

Or,

« Le propre de l’impôt, c’est d’être forcé.

« Le caractère de l’assurance, c’est d’être volontaire[3]. »

À merveille ! Mais encore une fois, — pour l’amour de Dieu ! — pourquoi l’impôt doit-il être une prime d’assurance ?

En cherchant bien je n’ai rien, absolument rien trouvé dans l’ouvrage de M. de Girardin, qui pût passer pour une réponse à cette question. En fait de principes fondamentaux, voici tout ce que j’ai pu découvrir :

« La société est un vaste amphithéâtre où l’on est libre de ne pas entrer ; mais si l’on veut s’y asseoir, le moins qu’on lui doive, n’est-ce pas le remboursement de sa quote-part de frais[4] ? »

Je me dispense de discuter cette philosophie. Je ne m’en réserve pas moins la faculté de penser que l’impôt ne saurait avoir rien de commun avec une assurance ; que la société n’est point un amphithéâtre où l’on est libre de ne pas entrer ; que l’impôt doit être non facultatif, mais obligatoire, non volon-

  1. Le Socialisme et l’Impôt, p. 130.
  2. Idem, p. 127.
  3. Idem, p. 128.
  4. Idem, p. 134.