Page:Walpole - Le chateau d'Otrante, partie 2, trad Eidous, 1767.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
Le Chateau

à votre père. Ne doutez point de mon obéiſſance, lui dit Mathilde. Mais puis-je, ô la plus reſpectable de toutes les femmes, puis-je voir la tendreſſe & les bontés que vous me témoignez, & vous cacher une idée qui me vient dans l’eſprit ? Qu’alliez-vous dire ? reprit Iſabelle en tremblant. Raſſurez-vous, Mathilde. Non, Iſabelle, reprit la Princeſſe, je ſerois indigne d’une pareille mère, ſi j’oſois lui cacher la moindre de mes penſées.... Oui, je l’ai offenſée ; j’ai livré mon cœur à une paſſion ſans ſa permiſſion, mais j’y renonce. Je prends le Ciel & elle à témoin…. Ma fille, ma fille, lui dit Hippolite , que dites-vous ? Le Ciel nous réſerve-t-il d’autres malheurs ? Vous ! une paſſion, au moment que nous ſommes à la veille de périr !... Hélas ! reprit Mathilde, je connois toute l’énormité de mon crime. Que je périſſe plutôt que de lui cauſer le moindre chagrin. Elle eſt ce que j’ai