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LE CHATEAU

dinaire, & le Ciel me l’a ôté, pour que je ne fondaſſe point l’eſpoir de ma famille, & les honneurs qui lui ſont deſtinés ſur appui auſſi fragile. La branche des Manfredi a beſoin de nombreux ſoutiens. Ma folle tendreſſe pour mon fils m’avoit aveuglé, il eſt bien là où il eſt. J’eſpère dans quelques années avoir lieu de me féliciter de la mort de Conrad.

On ne ſauroit exprimer l’étonnement d’Iſabelle. Elle craignit d’abord que le chagrin n’eût troublé l’eſprit de Manfred ; enſuite, qu’il ne lui parlât ainſi que dans le deſſein de lui tendre quelque piège, ne doutant point qu’il ne ſe fût apperçu de ſon indifférence pour ſon fils. Monſeigneur, lui dit-elle, ne doutez point de ma tendreſſe pour Conrad, mon cœur eût accompagné ma main, il eût été l’unique objet de mes ſoins & de mes déſirs ; & quel que ſoit le ſort que le Ciel me réſerve, je chérirai toujours ſa mémoire, & j’aurai pour votre Alteſſe &