Page:Walpole - Le chateau d'Otrante, partie 1, trad Eidous, 1767.djvu/110

Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LE CHÂTEAU

qu’elle ne ſe prêtât à ſes vues, en attendant que l’Égliſe pût fulminer ſes cenſures contre ce divorce. Dans cette intention, & feignant d’être touché des ſcrupules du Prince, Monſeigneur, lui dit-il, j’ai réfléchi à ce que Votre Alteſſe m’a fait la grâce de me dire ; & s’il eſt vrai qu’une délicateſſe de conſcience ſoit le vrai motif de la répugnance que vous avez pour une épouſe vertueuſe, à Dieu ne plaiſe que je veuille endurcir votre cœur. L’Égliſe eſt une mère indulgente : faites-lui part de vos peines, elle ſeule peut conſoler votre ame, ſoit en calmant votre conſcience, ſoit après avoir examiné vos ſcrupules, en vous donnant la liberté de perpétuer votre race par des moyens légitimes. Dans ce dernier cas, ſi l’on peut obtenir le contentement d’Iſabelle… Manfred, ſoit qu’il crût avoir trompé le bon homme, ou que la colère qu’il avoit d’abord témoignée ne fût qu’un tribut qu’il payoit aux