Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Pour être médiocre, merci. Et puis la musique, fft ! c’est comme les robes, on en rit au bout de vingt ans. Les Italiens en ont fait comme leur macaroni : en pâte molle qui file ; les Français y mettent des calembours qui prétendent ; arrivent les Allemands, vive Wagner le Saint-Graal de la musique qu’on élève dans un soleil. Demain, on trouvera que Tchaïkowski vaut mieux, et l’on n’aura peut-être pas tort ; la musique est belle en raison inverse de la civilisation, — et bientôt il n’y aura plus de sauvages ! En littérature idem, Malherbe, un raseur, Corneille aux Invalides direction Perrin, Molière fait pleurer ; Hugo ! il y a si longtemps qu’il est mort ! Lamartine, de la pommade. On tombe dans Baudelaire superbe ! superbe ! tais-toi, il y a deux jours on m’apprend qu’il n’est plus rien à côté de Tolstoï et de Dosto’iewski ! Vrai Dieu ! si l’on continue, l’humanité finira par avoir du bon sens !

— Ecris dans les journaux, reprit Jacques en riant.

— Jamais ! on me nommerait sénateur pour m’en empêcher !

— Fais un livre,

— Il est fait… par les autres.

— Eh ! va-t-en à tous les cent mille diables !

— J’y pensais !

— Bonsoir ! nous avons un peu ri, c’est déjà quelque chose !

—… Qui se paie le lendemain ! comme les trop bons dîners. Bonsoir.

Ce soir-là Grégory passa par l’appartement de sa femme, et la baisa longuement sur le front, tandis qu’elle dormait.