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comprenait pas. Aussi, lorsque dans ses rares tête-à-tête avec la mère de Christine, il avait abordé ce sujet, les discussions avaient-elles été très vives de part et d’autre.

— Ce qui fait la joie de l’homme dans le mariage, disait la fine baronne, c’est d’initier à l’amour parfait la jeune compagne qu’il prend. Tout en respectant sa pudeur, il la mène par la main dans des voies inconnues pour elle, il la surprend sans l’effrayer, la domine sans tyrannie, en fait, non sa chose, mais son soi-même, à tel point qu’un jour ils ont si bien échangé leurs âmes, que la volonté des deux devient une, quoique double, en une sorte de dualité mystérieuse.

— Vous êtes séduisante non seulement pour vous, baronne, mais pour les autres, avait répondu Grégory, mais l’homme n’arrive pas neuf dans le mariage, il sait, lui ; apportera-t-il aussi ses vices qui ne sont que de… l’érudition, et fera-t-il de sa femme sa maîtresse ?

— Assurément non.

— Alors, invinciblement, l’époux regrettera ce qu’il quitte et qu’il connaît, devant ce qu’on lui livre à l’aveuglette, et avec des restrictions à la clé.

— Mauvais sujet !

— Mais non ! ma femme étant ma maîtresse, moi, son mari, je serai son amant. (Calino vous dirait cela). Dès lors, nous serons mauvais sujets de concert…

— Concert est joli !

Vous ne répondez pas…

— Mais vous sapez le mariage !

— Une des plus sottes institutions qui soient — après la laideur ! riposta en riant le duc.