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les heures d’amour en ce pays rêveur, les mains entrelacées et les têtes jointes dans l’ivresse des longs embrassements. Il se souvint des paroles qu’il avait dites à Greta, ces mots que, par un raffinement d’artiste, il avait cherchés harmonieux et atténués ; leur anéantissement, enfin, dans cette nature aimante qui semblait leur avoir soufflé ses troublantes sollicitations. Reverrait-il Greta, sa blonde ? Ne reviendrait-elle pas à lui qui soufflait ?

Et au moment où, repris au dernier espoir d’une rencontre au pèlerinage d’amour, il sondait la route du bord comme pour y évoquer la forme exquise de la disparue, il vit, là-bas, une femme qui l’appelait de loin d’un geste déployé. Alors une joie intense le prit ; il courut, il bondit vers elle qui ne bougeait plus, se jeta à ses pieds, l’entoura de ses deux bras, lui baisa le-front, follement, en sanglotant : Greta ! Greta ! Gretchen !

Et Greta, l’œil fixement tourné vers le soleil, lui parla comme en un rêve, d’une voix mouillée et douce :

— C’est toi, Jacques, je savais que tu viendrais à moi ; je t’ai attendu, mon Jacques ; c’est ici, souviens-toi, que nous nous sommes aimés pour la première fois. Regarde comme le fleuve est beau, mon doux fleuve allemand ; nous nous aimerons sous les étoiles, Jacques, et les montagnes mettront leur ombre sur notre amour… Jacques, continuat-elle en le regardant d’un air las, je t’aimais tant, mais je voulais, je devais revenir un instant, une minute ici ; nous repartirons ensemble, dans ton pays, mais chaque été nous reviendrons… ici… veux-tu i