Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

et suscitent aux longs sommeils qu’aucun rêve ne trouble. Laisser filtrer goutte à goutte de soi-même l’intelligence, et ne plus dire qu’un mot : C’est bon ! Dans une immense forêt, où la lumière diaphanise les feuilles, où toutes les vies cachées ont l’air de sommeiller sans voix et sans bruit, où l’automne tiède et mélancolique frissonne dans le rêve isolé des branches, — m’anéantir, me mêler aux feuilles mortes au milieu d’une clairière, être enseveli sous les larmes jaunes des arbres, et ne plus être, participer à l’évolution des choses, m’éparpiller, un soir d’hiver, lorsque la rafale fera tourbillonner la neige parmi les débris où j’aurai reposé mon corps, être parcelle et faire le voyage infini pour renaître où les brises me porteront, dans la sève d"un radieux printemps nouveau…

Pourquoi Werther s’est-il brûlé la cervelle, puisque cela fait mal ?

Est-ce que je souffre ? C’est doux de souffrir, pour causer avec soi-même et se dire : « Je te plains ».