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Il regarda Greta, et, se levant, dit non, d’une voix dure. Puis il quitta la chambre sans rien ajouter.

Dès ce soir, Ferrian se renferma, le cœur meurtri, la joie éteinte. Ni aversion, ni révolte : le découragement seul de s’être trompé et de n’y rien pouvoir. Un mot, un seul, de celle qu’il avait crue la perfection de la délicatesse dans l’amour, et tout disparaissait, tout sombrait, tout s’écroulait. C’était encore, songea-t-il avec un sourire douloureux, la chasuble de travers du prêtre de Sainte-Gudule ! II reprit le manuscrit qu’il avait abandonné, et se mit à le remanier, à le bouleverser. Il y jeta les bouffées de désespoir qui souvent l’enveloppaient aux heures vespérales ; il se sonda plus encore, écrivit avec le sang de son cœur et le fiel de ses dégoûts. Son livre peu à peu devint le poème de la solitude, le chant douloureux de l’illusion brisée.

Comme certains nocturnes de Chopin, ce fut une œuvre de douceur au milieu de laquelle, ainsi qu’en des spasmes, râlaient des amertumes funèbres. Désormais, il ne songea plus à publier ce roman devenu inégal, fou, détraqué. Il en avait l’égoïsme et relisait avec une intense volupté les pages où il se retrouvait, comparant son existence à une plante rare dont les fleurs, superbes d’abord et royalement ouvertes sous le ciel, se seraient effeuillées en une nuit de froidure.

C’étaient encore des pages gaies qu’il avait laissées intactes et dans lesquelles toute une joie débordait, un hosannah à la vie, à la gloire.

Un passage inachevé disait :

« Bonheur ! je t’ai trouvée, ma Blonde, toi que j’ai tant