Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui, Jacques, tu sais, nous sommes un peu des soldats, nous autres, et pour moi, j’aime ma garnison.

— Tant mieux, tant mieux… Tiens, ça me fait un drôle d’effet de te voir dans ce costume, il y a longtemps, au fait…

— Oui, sept mois que je le porte, mon cher, et il n’est pas trop lourd.

— Je me souviens, tu étais déjà pieux au collège, même je t’embêtais rudement en te parlant de femmes, te rappelles-tu ?

— Si je me rappelle ! Farceur ! Ce n’est pas toi, en effet, qui aurais abusé de la messe ; tu avais des romans reliés comme des paroissiens romains ; le brave surveillant te croyait en prière !… Enfin !… Tu es marié ! •

— Oui, j’ai épousé une Allemande.

— Et cela va bien ?

— Très bien, oui, Greta est très aimante et très aimée, mais depuis quelques jours elle m’inquiète un peu ; à certains moments elle est toute pensive, à croire qu’elle regrette quelque chose… ou quelqu’un.

— Ah ! est-elle un peu moins mécréante que toi, scélérat ?

— Oh ! non ! tu sais, je n’aime pas l’église ; elle n’y tient pas non plus ; cela s’arrange à merveille.

Le prêtre poussa un soupir.

— Cela te fait de la peine, mon bon Pierre ; ce n’est pas ma faute, si je ne crois plus.

— Tu as donc cru ?

— Comme tout le monde, puis c’est filé tout à coup, à partir du jour où, m’étant occupé d’art, j’ai vu. Un matin, je me souviens, j’étais à Sainte-Gudule : un prêtre disait la