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capuchon relevé, peignant des fresques aux murs blancs d’une chapelle ; il se le représentait debout sur un échafaudage, dans l’ombre des colonnes, dessinant des vierges et des séraphins suspendus en théories ployées sur des nuages, dans la contemplation du ciel ; il l’invoquait perdu par les hauteurs, tournant parfois la tête vers le tabernacle entouré de cierges, ou fixant les yeux sur la lampe toujours allumée qui, dans les églises, est comme un balancier mystérieux arrêté à l’heure de la mort divine.

— Oui, il doit être heureux, bien heureux !

Et le cœur de l’ami allait vers l’ami qu’il savait plongé dans la jouissance profonde d’une double et perpétuelle adoration.

Chastel, lui, toujours fantaisiste et toujours jeune, était, le lendemain du mariage, reparti pour le Rhin en destination de sa dernière étape, pris à cette idée fixe de remonter le fleuve jusqu’au Mont-Blanc. Lui qui s’était moqué tant des Guillaume Tell en bois, des chromolithographies naturelles et des glaciers en sucre, allait là-bas sans s’en douter, saisi par la fatalité suisse à laquelle on n’échappe pas.

L’intimité ne fut donc pas troublée, et Ferrian ne le regrettait point. Il était bien agrippé par son livre à venir et dans l’enfantement de son œuvre, s’aperçut à peine de la désertion de ses anciens camarades.

La tendresse, toujours égale et forte de Greta complétait sa vie et il eut pour la première fois la conscience d’avoir réalisé ses rêves et d’être heureux.

Le bonheur est fugitif — c’est un lieu commun de le dire