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… Viens, Greta, je t’aime ! restons ici, laisse-moi me mettre à tes genoux, Greta, oh ! Greta.

Elle, frissonnante, s’anéantissait sans force et sans voix dans cette caresse éperdue de mots, de souffles, de baisers, et la nuit, au loin, ne porta plus sur ses ailes noires que la mélodie claire de l’eau clapotante et mélancolique….

Lorsque le vent, tout à coup fraichi, les eut frappés au visage, tous deux se dressèrent ; les nuages déchirés ouvrirent sur leurs faces la lumière blanche de la lune, et, blêmes, épouvantés, ils se regardèrent. Jacques, le premier, reprit ses sens, il comprenait presque ; l’ivresse était passée, et, comme un évanoui qui se réveille, il se demandait si c’était vrai, s’il n’avait pas une hallucination folle ; il n’était pas sûr… puis il regarda de nouveau Greta, leurs yeux se croisèrent sans se voir, et, plongés tous deux dans la réalité de l’irréparable, sans force, anéantis, ils marchèrent l’un à côté de l’autre, muets.

Toutes voix s’étaient tues ; les capiteuses visions avaient disparu ; la nuit semblait, comme eux, plongée dans un remords, et ils eurent peur d’être seuls ainsi dans cette solitude traversée par le frisson nocturne. Ils marchèrent plus vite, remontèrent la Fahrgasse et se retrouvèrent devant le Hofgarten qui faisait une ombre compacte sous le ciel. Ils le traversèrent d’un pas fiévreux, enfilèrent l’allée de Poppelsdorf et se retrouvèrent arrêtés court devant la petite maison de Hans Friedmann.

— Entrons, dit-elle enfin, d’une voix sourde.