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coup, une décharge de canon, deux trois, vingt, coupées par la pétarade sèche des mitrailleuses françaises, une mêlée de sons brusques, bruyants, énormes, un tutti de cuivres, de longs appels de clairons, tandis que l’air de la France, de plus en plus faible et s’éteignant, brisé par un choc d’accords victorieux, disait, comme une plainte mourante — la défaite. Un silence, — et de nouveau l’air du Rhin, triomphal, insolent, implacable.

Une immense clameur d’enthousiasme accueillit le finale ; on eût dit que le lendemain de la victoire nationale fût revenu avec ses envahissantes allégresses.

— C’était beau, n’est-ce pas ? dit Greta en prenant le bras de Ferrian.

— Vous trouvez ! dit celui-ci, il me semble, à moi, que les valses étaient plus douces et que vos yeux étaient plus doux quand on les jouait, là, tantôt.

— C’est vrai, répondit-elle, oui, vous avez raison, monsieur Jacques, ce morceau n’est pas bon pour l’Allemagne ; nous rentrons, n’est-ce pas, ajouta-t-elle en se penchant un peu vers le jeune homme.

— Bah ! fit Jacques, allons une minute au Rhin, il doit être si beau à cette heure.

— Pas longtemps alors ; le père serait inquiet ; il est vrai que les Anglo-Saxons…

Ils descendirent en riant la courte Fahrgasse et prirent la droite, vers le Traject.

Jacques avait saisi la main de Greta, et elle, appuyée sur lui, semblait se reposer de cette journée inoubliable, où pour