Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’argent ; les Hanseaten, coiffés de la petite rondelle rouge posée de travers sur les cheveux repeignés, blinquants, bouclés et relevés d’un côté ; les Pfael\er, les Franconen, les Westphalen, tous avec leur dégaine de margraves ; les uns, chics, le monocle à l’œil ; d’autres, vieux déjà, aux lunettes d’or à fines branches ; et, aussitôt assis, on demandait à boire, vite, le Bol légendaire, la grande soupière où l’on verse douze bouteilles de Niersteiner ou de Johannisberg, quatre de Mosel, trois de Champagner, du sucre, un plat de fraises, un flacon d’ananas, du Maikraut… et : Prosit ! Danke ! Bitte sehrl Bitte ! Crambambuli ! Hopsasah ! Hallil Hallol Eh ! Kellner ! Boum !

Au milieu, près des balustres, en face du Rhin filant droit ses eaux couleur d’absinthe où le soleil allume des nappes de topaze, avec les montagnes bleutées par le lointain, pignonnées de ruines aux lignes bizarres, devant les bateaux qui sillonnent, lançant de leurs ponts, légers comme des dentelles, les cris de joie, les appels, les exclamations, bruyantes des passagers piquant vers Drachenfels, Rhondorf, Nonnenwerth, Godesberg ; plus loin, Ehrenbreitstein, Oberlahnstein, Stolzenfels, Coblenz, Loreley, — là, sous les arbres remués comme des palmes, des familles entières arrivaient, se pressaient, s’installaient ; des éclats de rire perlés montaient dans les branches ; les fillettes traînaient en courant des chaises, faisant, avec un bruit clair, sauter les petits cailloux ronds du gravier ; les jeunes « fraûlein » aux cheveux blonds, aux yeux bleu pâle, vêtues de robes vives, puis les mères, les vieux, les hussards en culottes collantes cloués aux chaises et tenant