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en la regardant, n’avaient pas vue : la grandeur sereine de la contrée où il était venu se reposer de vivre, dans un repos parfait. Son âme s’était adaptée à cette quiétude introublée. Tout pour lui, en ce moment, n’était que sérénité, que détachement voluptueux de toutes choses bruyantes, et les jours et les heures le portaient et le balançaient comme s’il eût été dans un hamac suspendu entre des branches endormeuses.

Le soir, au retour de ses promenades, après un dîner très court, le vieux Hans Friedmann se retirait dans son cabinet de travail, et Ferrian restait seul avec Greta.

La petite Allemande voyait en lui le premier ami véritable qu’elle eût jamais connu.

La famille Friedmann n’avait à Bonn d’autres représentants que le vieux paléographe et sa fille. Les parents, nombreux cependant, s’étaient dispersés aux quatre coins de l’Allemagne, et, une fois par an, tout au plus, on se revoyait pour refaire connaissance et parler du passé. Berlin avait deux Friedmann, dont l’un officier, l’autre Landgerichts Referendar, avocat de deuxième classe ; à Baden, une vieille fille, Clara Friedmann, tenait un hôtel d’étrangers ; enfin, la deuxième sœur du professeur avait épousé un médecin bavarois, à Munich.

Tous les premiers de l’an, Greta écrivait quatre lettres de souvenir avec Prosit neu Jahr en manière de compliment, et son affection familiale se bornait là.

N’ayant pas été introduite par son père dans la société de Bonn, la jeune fille avait, malgré son âge, — dix-sept ans, —