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avec vous qu’avec monsieur votre père. Les Anglo-Saxons de M. Friedmann ne sont pas drôles !

La jeune fille, déjà confiante, se mit à rire.

— Oui, il a toujours été comme cela, dit-elle ; depuis dix ans, nous ne nous parlons qu’aux repas, et ce n’est pas gai, je vous assure, ajouta-t-elle d’une voix rêveuse, mais cela va changer un peu ; vous voudrez bien quelquefois sortir avec moi, n’est-ce pas ?

— Comment ?…

— Mais oui, pourquoi pas ? J’ai un cousin aux hussards, Friedrich Rœhre, Fritzchen. Il me menait souvent au concert, mais maintenant on l’a envoyé à Berlin, et mon père n’aime que ses livres. Vous comprenez, c’est triste. Tenez, monsieur Jacques, pardon ! je peux, n’est-ce pas ? Appelez-moi Greta, si vous voulez, c’est plus commode ! Voici votre chambre ; j’ai mis tout ce qu’il faut, mais s’il manque quelque chose encore, dites-le-moi.

Puis elle se retira en fermant doucement la porte.

Tandis qu’il ôtait son habit, Jacques, ahuri, marmottait :

— « Elle est charmante ! elle est charmante ! elle est charmante !.. » Allons bon ! de l’Emile Augier ! Drôle de pays ! Sortir avec elle, comment donc ! C’est Chastel qui rigolerait !

Il s’habilla rapidement, mit son chapeau, et s’apprêtait à sortir, lorsque la voix de Greta lui cria :

— Dîner à midi, n’oubliez pas, monsieur Jacques !

— Non, non, à tantôt, mademoiselle !

— Bonjour, monsieur Jacques !

« Sacrebleu ! oui, c’est Chastel qui rigolerait ! »