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des choses pour bondir dans l’infini de l’imagination. Mythologie et catholicisme lui étaient synonymes, légendes tous deux, mais légendes merveilleuses, inspiratrices de chefsd’œuvre.

Pourtant il avait conservé sinon la croyance religieuse, une sorte de « légitimisme » dans le cœur. Le mépris de la politique mangeuse de prêtres débordait parfois sur ses lèvres, en paroles amères et hautaines. Ayant entendu dans les assemblées publiques des orateurs à la voix tonnante, revendiquer avec des phrases toutes faites, des périodes connues, des idées volées au Christ et mises en blouse, les droits de la démocratie, le partage des biens, l’égalité, Ferrian resta froid. Sous les discours trombones, il sentit la candidature proche ; sous l’appel à la fraternité l’orgueil des applaudissements.

Un jour s’était présenté à la tribune un ouvrier maçon, les vêtements rapiécés et blancs de plâtre, qui, la main tendue vers l’orateur, avait crié en flamand cette bêtise : « Avec votre platine d’égalité vous vous f…. de nous ! Prenez ma truelle et achevez le mur que j’ai commencé ce matin. Partagez ce que vous avez dans vos caisses ! Conseiller c’est bien, donner l’exemple c’est mieux, vous êtes des farceurs ! »

On l’avait hué, c’était juste.

Quand il sortit du collège des Pères, le même jour que Marius, Ferrian fut plus libre de se laisser aller à sa passion pour toutes choses d’esprit. Avant d’entrer à l’Université, à dix-huit ans, encore sous la tutelle d’un oncle qu’il n’aimait pas, il voulut voyager ; il vit l’Allemagne, la France et l’Angleterre,