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FRIEDMANN

Comment, vous êtes brouillés ?

JEANNE

Un peu ; je crois l’avoir mis à la porte il y a deux mois, dans un moment de… vivacité.

FRIEDMANN

Il vous avait donc blessée ! Je ne permettrai pas…

JEANNE

Laissez donc, c’est insupportable d’avoir sans cesse des défenseurs d’office.

LE BARON

D’office est bien dur, Jeanne !

JEANNE

Eh oui ! laissez-nous donc nous défendre nous-mêmes ; les hommes gâtent vraiment nos vengeances. L’un tue l’autre pour nous servir, et c’est presque toujours… l’autre que nous regrettons. N’ouvrez pas de grands yeux, baron, et surtout laissez-moi faire. Major, tâchez donc de me trouver Gaston de Cléry.

LE MAJOR

J’y vais, madame (Exit.)

FRIEDMANN (à Jeanne)

C’est un défi, vraiment !…

JEANNE

Là, là, encore de grands mots ! Mais au bal de l’Opéra il n’y a que les petits qui comptent, mon ami. On ne se fâche pas ici ; je désire parler à Gaston, ce n’est pas un péché ; cela vous déplaît-il ?

FRIEDMANN

Cela m’inquiète. Depuis que vous croyez que la comtesse Christine a Cléry pour amant, il me semble que vous voulez le lui prendre.

JEANNE

Tiens, tiens, tiens, en quelques heures vous avez vu cela ; mais, savez-vous bien que vous êtes très fort !