Page:Waller - Jeanne Bijou, 1886.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
- 15 -

ses appartements et la chose tournera simplement en une séparation de corps plus ou moins longue ; plutôt moins ; je n’ai jamais cru beaucoup aux séparations de corps.

JEANNE

Une façon comme une autre de s’aimer sans y mettre de l’amour-propre.

FRIEDMANN

C’est dommage ; nous n’aurons pas de petit scandale. Toute une semaine sans petit scandale, cela devient mortellement ennuyeux. Si les femmes honnêtes commencent à croire que c’est arrivé, nous sommes perdus. Voilà une jeune femme, jolie, mondaine. Elle avait une occasion superbe. Pensez donc ! Elle pouvait cravacher son mari en plein Bois…

GASTON

Le faire tuer par le major Barine.

LE MAJOR (à Gaston)

Eh ! dites donc !

FRIEDMANN

Elle pouvait le cribler de coups de navaja, en insinuant qu’elle a du sang espagnol dans les veines. C’est très bien porté, l’Andalousie !

GASTON (à part)

Adorable !

FRIEDMANN

Elle pouvait afficher un amant, deux amants, une foule d’amants.

GASTON (à part)

Suave !

FRIEDMANN

Décidément, elle doit être un peu sotte, la jeune comtesse…

GASTON (froidement)

Vous vous trompez, monsieur.

FRIEDMANN (surpris — à Gaston)

Ah ! vous la connaissez ?