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FRIEDMANN

Oui, madame, je crains d’avoir l’air ridicule, et de cuire les marrons que d’autres tirent du feu.

JEANNE

Je reconnais là votre tact habituel, mon maître ; vous payez pour avoir le droit d’être jaloux, c’est juste. Seulement, comme il ne me plaît pas de rien changer à mes habitudes en votre honneur, je vous saurai gré de faire taire vos farouches soupçons, et de me donner la paix.

FRIEDMANN

Madame !

JEANNE

C’est cela ! fâchez-vous ! cassez quelque chose. Cela vous va si bien !

FRIEDMANN

Je ne souffrirai pas plus longtemps…

JEANNE

Moi non plus, nous sommes d’accord.

FRIEDMANN (violemment)

Eh bien ! finissons-en.

JEANNE

J’allais vous le proposer. Ce sera vite fait. Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. Ouvrez, baron, — je fermerai après.

FRIEDMANN (menaçant)

Songez-y bien, madame.

JEANNE (insouciante)

Oh ! le songe n’a rien de bien désolant !

FRIEDMANN (humblement)

Voyons, Jeanne, j’ai eu tort, je vous demande pardon, ce n’est pas sérieux, n’est-ce pas ?

JEANNE (montrant la glace)

Regardez-vous. C’est très sérieux.