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PROTECTRICES DES ANIMAUX.

lui sert elle-même de protection. La moufette de l’Amérique du Nord trouve sa sécurité dans l’odeur insupportable qu’elle émet à volonté ; le castor, dans ses mœurs aquatiques et ses solides constructions. Dans quelques cas, les animaux sont particulièrement en péril pendant une certaine période de leur existence, et s’ils parviennent à la traverser, pourront facilement maintenir leur nombre. C’est ce qui arrive chez beaucoup d’oiseaux : leurs œufs et leurs petits étant très-exposés au danger, nous les voyons recourir pour les conserver à mille moyens ingénieux, tels que des nids soigneusement cachés, suspendus au-dessus de l’eau à l’extrémité d’une branche, ou placés dans le trou d’un arbre en ménageant seulement une étroite ouverture. Si ces précautions réussissent, il se développera un nombre de jeunes oiseaux beaucoup trop considérable pour la quantité de nourriture disponible pendant la mauvaise saison ; aussi un grand nombre d’entre eux, demeurés faibles et maladroits, serviront de proie aux ennemis de leur race, et rendront par là même inutile aux individus bien constitués, une autre sauvegarde que leur propre force et leur propre activité. Les instincts les plus favorables à la production et à l’éducation des petits deviennent, dans ces cas-là, les plus importants, et la survivance des plus aptes tendra à les maintenir et à les accroître, tandis que les autres causes, modifiant la couleur et les taches, peuvent continuer à agir presque sans obstacle.

C’est peut-être chez les insectes que nous pouvons le mieux étudier les moyens variés par lesquels les animaux