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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

une phalène, probablement la Larentia tripuctaria, voltiger autour de moi, et descendant sur un mur de pierre du pays, avec lequel sa nuances s’assortissait si bien que je ne la voyais pas à deux mètres de distance. »

Il y a probablement beaucoup de ces ressemblances qui n’ont pu encore être étudiées à cause de la difficulté qu’on éprouve à observer ces animaux à l’état de repos.

Les chenilles sont protégées de la même manière. Les unes sont semblables par la couleur aux feuilles dont elles se nourrissent, d’autres ont l’air de petits morceaux de bois, beaucoup sont si étrangement marquées ou bossuées que lorsqu’elles sont immobiles, on peut difficilement les prendre pour des êtres vivants. M. Andrew Murray a remarqué que les larves du paon de nuit (Saturnia Pavonia minor) ressemblent par leur couleur principale aux bourgeons de bruyère dont elles se nourrissent, et que les taches roses qui les couvrent rappellent les fleurs et les boutons de la même plante.

L’ordre tout entier des orthoptères, les sauterelles, les criquets et les grillons sont protégés par leurs couleurs généralement analogues à celles du sol ou des végétaux qu’ils fréquentent, et c’est l’un des groupes d’insectes les plus curieux à ce point de vue. La plupart des Mantidæ et des Locustidæ des tropiques sont colorés et tachetés de façon à imiter la couleur des feuilles sur lesquelles ils se tiennent et, chez plusieurs, les nervures mêmes des ailes rappellent celles des feuilles. Cette modification spéciale atteint son maximum de perfec-