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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

férieures sont seules brillamment colorées, les supérieures étant sombres, et souvent de teintes imitatives ; elles recouvrent presque toujours les autres quand l’insecte est au repos. Cet arrangement des couleurs est éminemment protecteur, puisque le papillon diurne se repose toujours avec les ailes redressées de manière à cacher leur surface supérieure, d’un éclat si dangereux. Il est probable qu’en étudiant leurs habitudes, nous découvririons que la coloration des ailes inférieures est très-souvent imitative et protectrice. M. T. Wood a fait remarquer que la piéride aurore (anthocharis cardamines) se tient souvent le soir sur les têtes vertes et blanches d’une plante ombellifère, et que dans cette position, les marbrures de la partie inférieure de ses ailes s’assimilent avec les fleurs de façon à la rendre très-difficile à découvrir. Il est probable que le coloris foncé et riche de la partie inférieure du paon de jour (vanessa Io), de la petite tortue (V. urticœ) et du vulcain (V. Atalanta), a un but analogue.

Deux papillons curieux de l’Amérique du Sud (Gynecia dirce et Callizona acesta), qui se posent toujours sur le tronc des arbres, ont aussi les ailes marquées par-dessous de manière à s’assimiler facilement, si on les voit dans une direction oblique, avec l’écorce sillonnée de certains arbres ; mais l’exemple le plus remarquable et le plus évident d’une ressemblance protectrice que je connaisse chez les papillons, est celui du Kallima inachis commun des Indes, et de l’espèce alliée de Malaisie, le Kallima paralekta. La surface supérieure de ces insectes est éclatante et très-visible, ils sont de grande