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PROTECTRICES DES ANIMAUX.


Du rapport entre la couleur et l’importance d’un abri sûr.


Il est nécessaire à presque tous les animaux, et essentiel à quelques-uns, de pouvoir se dérober aisément à la vue : c’est la seule défense de ceux qui ont de nombreux ennemis et ne peuvent leur échapper par la rapidité. De même, les bêtes de proie doivent, sous peine de mourir de faim, être conformées de manière à ne pas alarmer leur victime par leur présence ou leur approche. Beaucoup d’animaux ont reçu cette faveur de la nature : les habitants du désert sont ordinairement d’une couleur fauve, qui les rend presque invisibles sur le sable et parmi les pierres ; le lion, les antilopes, le chameau surtout, en sont des exemples. Le chat d’Égypte (felis maniculata), et celui des pampas (felis pajeros) sont aussi d’une nuance terreuse ; les kangourous d’Australie offrent les mêmes teintes, et l’on croit que le cheval sauvage était à l’origine couleur de sable ou d’argile. Les oiseaux du désert sont encore plus remarquables à ce point de vue. Les traquets, les cailles, les engoulevents, les « grouses » (pterocles), qui abondent dans les déserts de l’Asie et de l’Afrique centrale, sont tous colorés et tachetés de manière à imiter avec une exactitude étonnante l’aspect général du sol qu’ils habitent. Le Rév. Tristram, dans son mémoire sur l’ornithologie du nord de l’Afrique (Ibis, vol. I), dit que « dans le désert privé d’arbres, de buissons, d’inégalités de terrain qui puissent offrir un asile, il est absolument