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LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

dès l’abord, car celles-ci ne pouvaient que constater le fait. La seconde fut bientôt trouvée insuffisante, elle était incapable d’expliquer les phases variées des phénomènes, et se trouvait en contradiction avec certains faits bien connus. Les lapins sauvages, par exemple, sont toujours d’une teinte brune, propre à les cacher dans les herbes et la fougère ; mais, quand ils sont réduits en domesticité, sans changement de climat ni d’aliments, ils deviennent souvent noirs ou blancs, et ces variétés peuvent être multipliées indéfiniment et donner naissance à des races blanches et noires. La même chose a lieu chez les pigeons, et l’on a remarqué que la variété blanche des rats et des souris, ne dépend nullement d’une altération du climat, de la nourriture ou d’autres conditions externes. Il arrive souvent que les ailes d’un insecte non-seulement prennent la couleur des feuilles ou de l’écorce où il fait sa demeure habituelle, mais jusqu’à la forme et aux nervures de la feuille et aux aspérités de l’écorce : ces modifications de détail ne peuvent être attribuées au climat ni aux aliments, car l’insecte souvent ne se nourrit pas de la substance à laquelle il est semblable, et, même quand c’est le cas, on ne peut trouver aucune connexion rationnelle entre l’effet et la cause supposée. Il était réservé à la théorie de la sélection naturelle de résoudre tous ces problèmes, et d’autres encore qui ne semblaient pas au premier abord être en rapport direct avec eux. Il nous faut, pour rendre ceux-ci intelligibles, esquisser la série de phénomènes qu’on peut ranger sous le chef des ressemblances utiles ou protectrices.