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DE LA LOI QUI A RÉGI L’INTRODUCTION

devaient en sortir par des changements nombreux.

L’aileron écailleux du pingouin reproduit la forme élémentaire d’aile propre au vol que possédait son prototype, et des membres, d’abord cachés sous la peau, puis faiblement projetés au dehors, formaient les transitions nécessaires, aboutissant à des organes de locomotion pleinement développés[1].

Nous rencontrerions encore beaucoup plus de modifications semblables, nous verrions des séries plus complètes, si nous connaissions toutes les formes qui ont cessé de vivre. Les grandes lacunes qui existent entre les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères, seraient certainement alors comblées par des groupes intermédiaires, et le monde organique, dans son ensemble, présenterait un système continu et harmonieux.


Conclusion.


Nous l’avons donc fait voir, quoique brièvement et imparfaitement : la loi que « chaque espèce a pris naissance en coïncidence géographique et chronologique avec une autre espèce alliée préexistante », relie et fait comprendre une grande masse de faits isolés, inexpliqués jusqu’à aujourd’hui.

Cette loi jette une vive lumière sur le principe naturel de classification des êtres organisés ; elle rend

  1. La théorie de la sélection naturelle nous a dès lors appris que ce n’est pas ainsi que se sont formés les membres ; M. Darwin a expliqué que la plupart des organes rudimentaires ont été produits par l’avortement résultant du défaut d’usage.