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LIMITES DE LA SÉLECTION NATURELLE

à des manifestations infiniment variées de la force, tout à fait distinctes de ce que nous appelons matière, et cependant tout aussi réelles.

La grande loi de continuité que nous voyons dominer dans tout l’univers, nous amène à conclure à des gradations infinies de l’être et à concevoir tout l’espace comme rempli par l’intelligence et la volonté. D’après cela, il n’est pas difficile d’admettre que dans un but aussi noble que le développement progressif d’intelligences de plus en plus élevées, cette force de volonté primordiale et générale, qui a suffi pour la production des animaux inférieurs, ait été guidée dans de nouvelles voies, convergeant vers des points définis. S’il en est ainsi, ce qui me paraît très-probable, je ne puis admettre que cela infirme en aucun degré la vérité générale de la grande découverte de M. Darwin. Cela implique simplement que les lois du développement organique ont été appliquées à un but spécial, de même que l’homme les fait servir à ses besoins spéciaux. En montrant que l’homme n’est pas redevable de tout son développement physique et mental à la sélection naturelle, je ne crois pas réfuter cette dernière théorie ; ce fait est aussi bien compatible avec elle que l’existence du chien barbet ou du pigeon grosse gorge, dont le développement ne peut pas non plus être attribué à sa seule action.

Telles sont les objections que je voulais opposer à l’opinion qui rapporte la supériorité physique et mentale de l’homme à la cause qui paraît avoir suffi pour la production des animaux. On essayera sans doute de