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DE NOUVELLES ESPÈCES.

de l’augmentation des formes organiques pendant certaines périodes, et de leur diminution pendant d’autres, sans avoir recours à d’autres causes que celles que nous savons avoir existé, ni à d’autres effets que ceux qu’on en peut raisonnablement déduire. Il est impossible de préciser de quelle manière ont dû s’effectuer les révolutions géologiques les plus anciennes : par conséquent, lorsque nous pouvons expliquer des faits importants, en admettant tantôt un ralentissement, tantôt une accélération, dans une série de phénomènes que sa nature même et l’observation prouvent avoir été irrégulière, nous devons certainement préférer une explication si simple à l’hypothèse obscure de la polarité.

Je me permettrai encore de présenter à M. Forbes quelques objections tirées de l’essence même de sa théorie.

Notre connaissance du monde organique à une époque géologique quelconque est nécessairement très-imparfaite. On pourrait en douter, si l’on ne considérait que le grand nombre d’espèces et de groupes, découverts par les géologues ; mais nous ne devons pas, pour l’apprécier, établir la comparaison seulement avec ceux qui existent aujourd’hui, mais avec un nombre beaucoup plus grand. Nous n’avons aucune raison de croire qu’à une époque plus ancienne la terre ait contenu beaucoup moins d’espèces que maintenant ; en tout cas la population des eaux, la mieux connue des géologues, fut probablement souvent aussi nombreuse, et même plus nombreuse que maintenant. Or nous savons qu’il y a eu beaucoup de changements complets dans les espèces ; plusieurs fois des séries