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APPLIQUÉE À L’HOMME.

verticale, affranchissant les mains de tout service de locomotion, était nécessaire à son avancement intellectuel ; la perfection extrême de ses mains a seule rendu possibles les arts de la civilisation qui placent certaines races si fort au-dessus des sauvages, et qui, dans leur état actuel, ne sont peut-être que les précurseurs d’un progrès moral et intellectuel plus considérable encore. L’admirable arrangement des organes vocaux a donné d’abord le langage articulé, et a produit ensuite ces sons musicaux, que les races supérieures seules apprécient, et dont les modulations harmonieuses serviront peut-être à des usages encore plus élevés et à des jouissances encore plus vives, dans un état supérieur à celui auquel nous sommes parvenus. De même, ces facultés qui nous permettent de dépasser le temps et l’espace, de réaliser les conceptions merveilleuses des mathématiques et de la philosophie, et qui nous inspirent un désir ardent de la vérité abstraite, sont évidemment essentielles au développement de l’homme comme être spirituel ; nous voyons déjà ces facultés se manifester occasionnellement, à une époque historique si reculée, qu’elles dépassaient énormément même les quelques applications pratiques qui en ont été faites depuis ; or, il nous est impossible de concevoir leur développement par l’action d’une loi qui ne concerne, et ne peut concerner que le bien-être matériel et immédiat de l’individu ou de la race.

La conclusion que je crois pouvoir tirer de ces phénomènes, c’est qu’une intelligence supérieure a guidé la marche de l’espèce humaine dans une direction défi-