Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
DE NOUVELLES ESPÈCES.

cessible à nos recherches, fut soulevée à la fin de la période paléozoïque, et resta au-dessus des eaux pendant tout le temps nécessaire aux modifications organiques qui ont produit la faune et la flore de l’époque secondaire. Ainsi les monuments de cette transition sont soustraits à nos investigations par l’océan qui recouvre les trois quarts du globe. Or, il parait très-probable qu’une longue période de repos ou de stabilité dans les conditions physiques d’une région, est éminemment favorable à l’existence d’un grand nombre d’individus, aussi bien qu’à une grande variété dans les espèces et les genres ; la comparaison des tropiques avec les contrées tempérées et avec les contrées froides, nous montre aujourd’hui que les pays les plus propres à un accroissement et à une multiplication rapide des individus, renferment aussi le plus grand nombre d’espèces et de formes variées. D’autre part, il n’est pas moins probable qu’un changement petit, mais brusque, ou même un changement graduel, s’il est considérable, apporté aux conditions physiques d’un district, serait très-fâcheux pour l’existence des individus, pourrait causer l’extinction de beaucoup d’espèces, et serait également défavorable à la création d’espèces nouvelles. En ceci aussi, l’état actuel de notre globe nous offre quelque chose d’analogue ; car ou sait que la stérilité relative des zones tempérées et des zones froides, est due, moins à l’état moyen de leurs conditions physiques, qu’à leurs variations brusques et extrêmes ; nous en avons la preuve dans ce double fait que, d’une part les formes tropicales pénètrent à une grande distance au delà des tropiques