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DE NOUVELLES ESPÈCES.

une troisième modification de la même racine ; cette nouvelle forme pourra présenter un nombre d’espèces plus ou moins grand que l’une ou l’autre de celles qui l’ont précédée, un degré d’organisation plus ou moins élevé, des variétés de conformation plus ou moins nombreuses. Bien plus, il se peut que chacun de ces groupes n’ait pas entièrement disparu, mais qu’il ait laissé quelques espèces, dont les prototypes modifiés se rencontrent dans les époques suivantes, derniers vestiges de leur grandeur et de leur abondance primitives. Ainsi, chaque cas de recul apparent peut être en réalité un progrès, mais un progrès interrompu ; de même, lorsqu’un monarque de la forêt perd une branche, celle-ci est peut-être remplacée par un rameau faible et malsain. Tel parait avoir été le cas pour la classe des mollusques ; ce groupe, à une époque très-ancienne, présentait, dans les Céphalopodes testacés, une organisation très-développée, avec une grande variété de formes et d’espèces. Dans chacune des périodes suivantes, des espèces et des genres modifiés ont remplacé les premiers qui s’éteignaient, et en avançant vers l’époque actuelle, nous ne trouvons plus que quelques petits représentants de ce groupe, tandis que les Gastéropodes et les Bivalves ont acquis une énorme prépondérance.

Dans la longue série des révolutions que la terre a subies, elle n’a pas cessé un instant de recevoir de nouveaux habitants, et, toutes les fois que l’un des groupes supérieurs a disparu, partiellement ou complètement,