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DÉVELOPPEMENT DES RACES HUMAINES

tat le plus inférieur élève cependant l’homme si fort au-dessus des animaux les plus parfaits ; à une époque où il avait la forme mais à peine la nature humaine, où il ne possédait ni la parole, ni les sentiments sympathiques et moraux, qui partout, quoique à des degrés divers, caractérisent aujourd’hui notre race. À mesure que ces facultés réellement humaines se développaient en lui, ses traits physiques acquéraient de la fixité, parce qu’ils perdaient de leur importance pour son bien-être, et les progrès de son esprit faisaient plus pour le mettre en harmonie avec le milieu, que ne l’auraient fait les variations de son corps. Si donc nous pensons que l’homme n’a été réellement homme qu’à partir du moment où ces facultés supérieures ont atteint leur plein développement, nous sommes fondés à soutenir la distinction originelle des races ; si par contre nous croyons qu’un être, presque semblable à nous par sa forme et sa structure, mais à peine supérieur à la bête par ses facultés mentales, doit cependant être considéré comme un homme, nous avons le droit de soutenir l’origine commune de toute l’humanité.


Application de cette théorie à la question de l’antiquité de l’homme.


Ces considérations nous permettent, comme nous le verrons, de placer l’origine de l’homme à une époque géologique beaucoup plus ancienne qu’on ne l’a cru possible jusqu’à présent. Il peut même avoir vécu pendant la période miocène ou éocène, alors qu’aucun des