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CRÉATION PAR LOI.

objections qu’il trouve à la théorie de la Sélection naturelle, qu’il me parait convenable de les réfuter complètement ; on verra que ses propres principes conduisent à des conclusions aussi difficiles à accepter qu’aucune de celles qu’il reproche à M. Darwin.

Le duc d’Argyll insiste surtout sur cette idée que nous rencontrons dans toute la nature des preuves d’une Intelligence, et que celles-ci sont particulièrement évidentes, partout où nous constatons soit une combinaison, soit les caractères du beau. C’est là ce qui, d’après l’auteur, indique une surveillance constante, une intervention directe du Créateur, aucun système de lois ne pouvant suffire à l’expliquer.

Or, l’ouvrage de M. Darwin a pour principal objet de montrer que tous les phénomènes qui s’observent chez les êtres vivants, ces organes merveilleux, cette structure complexe, la variété infinie des formes, des grandeurs et des couleurs, les rapports compliqués qui relient les êtres, peuvent avoir été produits par l’action de quelques lois générales fort simples, qui ne sont elles-mêmes pour la plupart que l’énoncé de faits certains. Voici quelles sont les principales de ces lois, les principaux de ces faits.

1. La loi de la multiplication suivant une progression géométrique. — Tous les êtres organisés ont une puissance de multiplication énorme. Bien qu’elle soit plus faible chez l’homme que chez tous les autres animaux, une population humaine, dans des circonstances favorables, peut se doubler en quinze ans, ou centupler en un siècle. La postérité de beaucoup d’animaux ou de