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THÉORIE DES NIDS D’OISEAUX.

cordonniers placèrent souvent une rangée de boutons ou un semblant de lacet, parce que l’habitude nous les rendait nécessaires. Tout le monde reconnaît que les habitudes des enfants et des sauvages nous donnent les indications les plus précieuses sur celles des animaux ; or chacun peut observer de quelle manière les enfants imitent leurs parents, sans avoir égard à la portée ou à l’utilité de leurs actions. Chez les sauvages, certaines coutumes, particulières à chaque tribu, se perpétuent de père en fils, et continuent à exister longtemps après que leur raison d’être a cessé.

Quand nous considérons ces faits et mille autres analogues, qui se produisent tous les jours autour de nous, nous pouvons avec raison attribuer à une cause semblable les détails de l’architecture des oiseaux que nous ne parvenons pas à comprendre. Si nous nous y refusons, il nous faut admettre, ou que les oiseaux sont dans toutes leurs actions guidés par la raison pure plus complètement encore que l’homme ; ou bien qu’un instinct infaillible les conduit au même résultat par une voie différente. Je ne crois pas que la première théorie ait jamais été soutenue par personne, et j’ai déjà montré que la seconde, quoique généralement admise, n’est pas prouvée, et se trouve en contradiction avec un grand nombre de faits. L’un de mes critiques a prétendu que j’admettais l’existence de l’instinct, sous le nom d’habitude héréditaire, mais l’ensemble de mes arguments prouve que ce n’est pas là ma pensée. Les deux termes, d’habitude héréditaire et d’instinct, sont il est vrai synonymes quand ils s’appliquent à une