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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

de changement d’habitudes récent. Avant 1854 le Tachornis phænicobea habitait exclusivement les palmiers dans quelques districts du pays. Une colonie de ces oiseaux s’établit alors dans deux palmiers cacaotiers à Spanish-Town et y resta jusqu’en 1857, année où un orage abattit l’un de ces arbres et dépouilla l’autre de ses feuilles. Au lieu de rechercher d’autres palmiers, les oiseaux chassèrent les hirondelles qui vivaient dans la cour du palais du Gouvernement, s’emparèrent de la place, et y firent leurs nids sur le sommet des murs d’enceinte et dans les angles formés par les poutres et les solives ; ils occupent encore en grand nombre cet endroit. On remarque qu’ils y forment leurs nids avec beaucoup moins de soin que lorsqu’ils vivaient sur les palmiers, probablement parce qu’ils sont moins exposés.

Au moment où la première édition de cet ouvrage venait de paraître, M. F.-A. Pouchet publia, dans la dixième livraison des Comptes rendus pour l’année 1870, ses observations relatives à un exemple encore plus curieux de perfectionnement dans la construction des nids. Il y a quarante ans, M. Pouchet avait lui-même recueilli, dans de vieilles maisons de Rouen, des nids d’hirondelles de fenêtres (Hirundo urbica), et les avait déposés dans le musée de cette ville. S’étant récemment procuré de nouveaux nids, il fut surpris, en les comparant avec les anciens, d’y voir un changement positif dans la forme et l’arrangement. Cela le décida à étudier la chose de plus près. Les nids modifiés avaient été pris dans un quartier neuf de la ville, et M. Pouchet