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PHILOSOPHIE DES NIDS D’OISEAUX.

tement, il faut les soustraire à leurs parents de très-bonne heure ; car, les trois ou quatre premiers jours leur suffisent pour connaître et imiter plus tard le chant de ceux-ci. Cela montre que de très-jeunes oiseaux peuvent entendre et se souvenir, et il serait fort extraordinaire que, puisqu’ils peuvent voir, ils ne pussent ni observer ni se rappeler, et vécussent des jours et des semaines dans un nid sans rien savoir ensuite des matériaux dont il est fait et de la façon dont il est construit. Pendant qu’ils apprennent à s’envoler et à revenir souvent à leur nid, ils peuvent l’examiner à fond à l’intérieur et à l’extérieur ; comme d’ailleurs la recherche de leur nourriture les conduit invariablement parmi les matières dont le nid est composé et à des places semblables à celles où il se trouve, est-il donc bien étonnant qu’ils soient ensuite capables d’en faire un semblable pour leur propre usage ? Ne serait-ce pas bien plus remarquable, s’ils se dérangeaient pour trouver des matériaux tout différents de ceux qu’ont employés leurs parents, les combinaient d’une façon dont ils ne connaîtraient aucun exemple, et formaient une construction tout autre que celle où ils ont été élevés ? Celle-ci est d’ailleurs probablement celle que toute leur organisation peut assembler le plus vite et le plus facilement.

On a cependant objecté que l’observation, l’imitation, la mémoire, ne peuvent rien avoir à faire avec l’habileté architecturale d’un oiseau, parce que les jeunes qui en Angleterre naissent en mai ou juin, bâtissent au mois d’avril ou de mai suivant un nid aussi