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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

Nous avons besoin de beaucoup plus de données que nous n’en possédons, avant de déterminer la nature précise de cette différence. La seule conclusion qui me paraisse claire, c’est que Célèbes représente l’une des plus anciennes parties de l’Archipel ; qu’elle a été jadis plus complètement isolée de l’Asie et de l’Australie qu’elle ne l’est aujourd’hui, et qu’au milieu des mutations qu’elle a subies, les débris de la faune et de la flore de quelque terre ancienne nous ont été conservés.

Ce n’est que depuis mon retour en Angleterre, quand j’ai pu comparer les productions de l’île de Célèbes avec celles des îles voisines, que leur singularité m’a causé une aussi vive impression et a excité en moi l’intérêt qu’elle mérite. Les plantes et les reptiles de cette île sont encore à peu près inconnus. Il est à désirer que quelque naturaliste se consacre bientôt à les étudier. La géologie mériterait aussi des recherches sérieuses, et les fossiles récents offriraient un intérêt spécial en élucidant les causes qui ont amené les conditions anormales dont nous avons parlé. Cette île se trouve, pour ainsi dire, sur la limite de deux mondes. D’un côté, la faune australienne, qui a conservé jusqu’à aujourd’hui le faciès d’une époque géologique ancienne ; de l’autre, la faune riche et variée de l’Asie, qui semble posséder les animaux les plus parfaits de toutes les classes et de tous les ordres. Célèbes, tout en ayant des rapports avec les deux, n’appartient positivement à aucune d’elles, elle possède des traits qui lui sont absolument propres, et je ne crois pas qu’une au-