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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

confinés dans ses étroites limites. Enfin, deux autres genres (Prioniturus et Basilornis) ne se trouvent que dans une seule île en dehors de Célèbes.

Les tableaux détaillés dressés par M. Smith sur la distribution des Hyménoptères de l’archipel Malais (voyez Proceedings of the Linnean Society. Zoologie, vol. 7) montrent que sur 301 espèces recueillies à Célèbes, 190, ou près des deux tiers, lui sont absolument spéciales et 12 genres entiers ne se trouvent nulle part ailleurs dans l’Archipel. J’ai moi-même exploré Bornéo et les Moluques, et vérifié ainsi les assertions de M. Smith. J’ai déjà montré que, pour ce qui est des Papillonides, Célèbes possède en propre un plus grand nombre d’espèces qu’aucune autre île, et cela dans une plus forte proportion que la plupart des grands groupes d’îles, enfin, qu’elle donne à plusieurs des espèces qui l’habitent un accroissement de taille et une modification spéciale de la forme des ailes qui impriment aux insectes les plus dissemblables un signe distinctif de leur patrie commune.

Quelle conséquence devons-nous tirer de ces phénomènes ? Devons-nous nous contenter de l’explication simple, mais peu satisfaisante, qui prétend que ces insectes comme les autres animaux ont été créés exactement tels qu’ils sont, et placés exactement là où ils sont, par la volonté inscrutable du Créateur, et que nous n’avons autre chose à faire qu’à enregistrer ces faits et à admirer ? Cette île, toute seule, aurait-elle été choisie pour un étalage fantastique du pouvoir créateur, dans le but d’exciter une admiration enfan-