Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

pas de difficultés spéciales, sont en réalité enchevêtrées dans un réseau embrouillé d’affinités, et que, des variations les plus faibles et les moins stables, jusqu’aux races fixes et aux espèces bien distinctes, les transitions sont si graduelles, qu’il est très-souvent impossible de tracer ces lignes de démarcation bien tranchées, qu’on prétend devoir toujours résulter d’une étude attentive et de la possession de matériaux suffisants.

Ces quelques exemples montrent, je pense, que, dans chaque règne de la nature, on constate des preuves de l’instabilité de la forme spécifique, et que, bien loin de les diminuer, l’abondance des documents ne fait que les accroître et les aggraver. D’ailleurs, il faut bien remarquer que le naturaliste n’est guère exposé à attribuer au terme d’espèce moins de précision qu’il n’en a. Il y a quelque chose de complet et de satisfaisant pour l’esprit, à définir une espèce, la délimiter et lui donner un nom. Nous sommes ainsi tous portés à le faire toutes les fois que nous le pouvons en conscience, et cela explique comment beaucoup de collectionneurs ont été entraînés à rejeter des formes intermédiaires et vagues, qui, pensaient-ils, dérangeaient la symétrie de leur collection.

Nous sommes donc obligés de considérer ces cas de variation et d’instabilité excessives, comme parfaitement établis ; si l’on objecte que ces cas ne sont après tout que bien peu nombreux, en comparaison de ceux dans lesquels l’espèce peut être délimitée et définie, et qu’ils ne sont par conséquent que des exceptions à une règle générale, je répondrai qu’une loi,