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LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

tites, sont assez permanentes dans chaque localité. Les degrés sont toutefois si nombreux et si rapprochés, que beaucoup d’entre eux sont impossibles à définir, quoique les formes extrêmes soient suffisamment distinctes.

Variété coexistante. — Ceci est un cas quelque peu douteux. Il consiste en ce qu’une modification de forme, légère, mais permanente et héréditaire, se perpétue à côté de la forme mère ou typique, sans présenter les degrés intermédiaires qui en feraient un cas de simple variabilité. Évidemment la seule preuve directe que nous puissions avoir pour distinguer ce cas du dimorphisme, c’est que les deux formes se reproduisent séparément. La difficulté se présente chez le Papilio Jason et le P. Evemon ; tous deux habitent les mêmes localités, et sont presque identiques de forme, de grandeur et de couleur, si ce n’est que ce dernier ne présente jamais la tache rouge très-apparente qui caractérise la surface inférieure du corps, non-seulement chez le P. Jason, mais dans toutes les espèces voisines. Ce n’est qu’en faisant se reproduire ces deux insectes, qu’on pourra déterminer si c’est un cas de variété coexistante ou de dimorphisme. Si c’est le premier, toutefois, la différence est si constante, si apparente et si tranchée, que je ne vois pas comment nous pouvons éviter d’en faire deux espèces distinctes. Il se produirait, je pense, un véritable exemple de variété coexistante, si une variété peu tranchée était devenue fixe comme forme locale, et si, étant mise en contact avec l’espèce mère,