Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
142
LES PAPILLONIDES DES ÎLES MALAISES.

l’un des traits les plus caractéristiques du paysage. Dans les îles Malaises, en particulier, les grands Ornithoptères voltigent sur la lisière des forêts et des terres cultivées, et leur grande taille, leur vol majestueux et leurs brillantes couleurs, les rendent plus apparents que la plupart des oiseaux.

Deux grands et beaux Papilio (Memnon et Nephelus) ne sont pas rares dans les faubourgs ombragés de la ville de Malacca ; on les voit poursuivre leur vol irrégulier le long des routes, ou étendre leurs ailes aux rayons bienfaisants du soleil. À Amboine, et dans les autres villes des Moluques, le Deiphobus et le Severus, quelquefois même l’Ulysses azuré, fréquentent ordinairement les orangers et les plates-bandes de fleurs, s’aventurant quelquefois jusque dans les étroits bazars et les marchés couverts de la ville. On voit souvent à Java, dans les lieux humides, le long des routes, l’Arjuna, tout couvert d’une poussière dorée, en compagnie du Sarpedon, du Bathycles, de l’Agamemnon, et plus rarement le superbe Antiphates à queue fourchue. On ne peut guère se promener une matinée dans les parties les plus fertiles de ces îles, sans rencontrer trois ou quatre espèces de Papilio, et souvent le double. On en connaît aujourd’hui 130 qui habitent cet archipel ; j’en ai recueilli moi-même jusqu’à 96. Trente espèces se trouvent à Bornéo, c’est le plus grand nombre qu’on ait découvert dans une seule île ; j’en ai pris moi-même 23 espèces dans les environs de Sarawak. Java possède vingt-huit espèces, Célèbes vingt-quatre, la péninsule de Malacca, vingt-six. Ces chiffres dimi-