Page:Wallace - La sélection naturelle, essais, 1872.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
LA MIMIQUE ET LES AUTRES RESSEMBLANCES

paradoxa. J’ai depuis lors donné à cette intéressante espèce le nom de Diadema anomala (Transactions of the entomological Society, 1869, p. 285). Dans ce cas, comme dans celui du Diadema misippus, il n’y a aucune différence dans les mœurs des deux sexes, qui se tiennent dans les mêmes localités ; on ne peut donc pas ici mettre en avant l’influence des conditions extérieures, comme on l’a fait pour le Pieris Pyrrha (Amérique) et pour d’autres espèces alliées, dont les mâles, qui sont blancs, fréquentent les lieux découverts et exposés au soleil, tandis que les femelles, analogues aux Héliconides, se plaisent dans l’ombre de la forêt.

Ainsi, chez les insectes, la femelle, dont le vol est faible et qui est à la fois plus exposée et plus importante que le mâle, a besoin d’une protection spéciale. C’est pour cela que ses couleurs sont très-généralement plus sombres et moins apparentes que celles de l’autre sexe. Je l’attribue à cette cause, et non à ce que M. Darwin a appelé la sélection sexuelle, par la raison que, dans les groupes pourvus d’une protection quelconque qui les dispense de se cacher pour échapper à leurs ennemis, les différences sexuelles de couleur sont, ou absentes, ou peu développées, ce qui dans cette dernière hypothèse, me semble inexplicable. En effet chez les Héliconides et les Danaïdes, protégées par leur couleur désagréable, les femelles sont aussi éclatantes et aussi apparentes que les mâles, et en diffèrent très-rarement. Les deux sexes sont aussi identiques chez les Hyménoptères porte-aiguillons. Chez les Carabides, les Coccinelles, les Chrysomélines, les Télé-